SOEUR DOCTEUR DE CLERCK Marguerite,
Née à Bruges le 7 septembre 1927, Marguerite était l'aînée de 4 filles.
Elle a fait ses études (primaires et humanités latin-grec) au Nouveau-Bois à Gand avec grande facilité, puis elle a commencé une candidature en médecine (avec un échec !)
Entrée au postulat à Jumet le 1er octobre 1947, Marguerite reçut l'habit et le nom de sœur Marguerite de la Trinité le 8 avril 1948. Après ses premiers vœux, prononcés le 8 avril 1950, sœur Marguerite partit à Gand où elle fut chargée de surveillances jusqu'aux grandes vacances.
Déjà porteuse d'une vocation missionnaire, elle aurait souhaité entreprendre des études de médecine. "La bonne volonté fait face à tout": elle fut autorisée à faire les études d'infirmière accoucheuse, qu'elle fit à Namur de 1950 à 1954.
Après ses vœux perpétuels prononcés le 22 avril 1955, sœur Marguerite partit au Congo, où elle fut envoyée d'abord à Lemfu et, dès 1956, à Kitenda. La FOREAMI toute proche avait des médecins belges.
Au Congo, au moment de la proclamation de l'indépendance le 30 juin 1960 et des troubles qui s'ensuivirent, les médecins belges préférèrent rentrer au pays. Sœur Marguerite se trouva obligée de pratiquer certaines interventions réservées normalement au médecin. C'est pourquoi, en 1966, elle se résolut à rentrer en Belgique pour y entamer un long cycle d'études: les trois années de candidature à Namur, trois années de doctorat à Louvain, un an de stage à l'hôpital général Mama Yemo à Kinshasa. Très motivée, sœur Marguerite réussit brillamment ces études, couronnées par le diplôme de docteur en médecine à Louvain en 1973.
Entretemps, des assistants médicaux l'avaient remplacée à Kitenda. C'est pourquoi sœur Marguerite entra à l'hôpital Mama Yemo à Kinshasa. L'équipe de médecins en place se rendait compte du nombre élevé de malades souffrant d'hypertension ou du diabète; "s'en occuper, c'est l'affaire de la Sœur!". C'est ainsi que, progressivement, sœur Marguerite s'est spécialisée dans les soins aux diabétiques.
De quoi s'agissait-il? Il fallait recevoir les malades en consultation externe et faire hospitaliser ceux dont l'état était inquiétant, former les infirmiers aux soins spécifiques, éduquer les malades et leurs familles pour qu'ils reconnaissent les symptômes et adoptent le régime alimentaire adéquat. Comme l'insuline coûte cher, un compte "Aide aux diabétiques" a été ouvert et sœur Marguerite a sollicité ses relations jusqu'à créer tout un réseau de donateurs. Dès l'année 1976-77, à l'activité médicale, elle joint la procure de médicaments, les cours aux infirmiers et la rédaction de manuels.
L'hôpital "Mama Yemo" n'était pas le seul à recevoir des diabétiques: bientôt sœur Marguerite a donné des cours aux infirmiers et médecins de plusieurs hôpitaux de la ville. A partir de 1986-87, elle supervise les soins diabétiques dans les centres de santé de Kinshasa. Des talents divers sont mis à contribution pour créer des affiches, illustrer les manuels que sœur Marguerite rédige pour les infirmiers ou pour les familles. Entre-temps, elle-même continue à se former par des stages de formation médicale: Algérie, Ghana, Nigeria, … et en participant chaque année à un congrès: Vienne, Paris, Dubrovnic, …. Bientôt elle sera invitée à partager ses compétences au niveau de toute l'Afrique. Ses rapports annuels nous permettent de suivre les progrès de son apostolat.
Au début, faisant partie de la coopération belge, sœur Marguerite recevait un traitement généreux, qui faisait vivre une grande partie de la communauté de Kimwenza, elle-même vivant de manière très modeste.
Pendant quelques années, des sœurs étudiantes ont partagé son appartement et bénéficié de ses conseils.
« L’association ‘ensemble vaincre le diabète’ groupe de plus en plus de personnes et nous constatons une vraie entraide de la part des malades lorsqu’il s’agit de soutenir un membre en difficulté ou endeuillé. Deux délégués de l’association sont invités au congrès mondial pour le diabète qui se tient à Cape Town. Ils sont très fiers car c’est la première fois que cet honneur leur échoit. Il s’agit de préparer le stand d’exposition qui informe sur ce que nous avons pu réaliser depuis 30 ans au Congo. »
En septembre 2009, l'aide aux diabétiques entrait en partenariat avec "MEMISA" (action médicale missionnaire), lors d'une petite fête à Itterbeek, en banlieue bruxelloise. Sœur Marguerite a manqué une petite marche et s'est cassé le pied. Portée sur l'estrade pour les échanges de l'après-midi, elle y a tenu son rôle et ce n'est qu'en soirée qu'elle a pu être conduite à la clinique Sainte-Elisabeth à Namur. Voilà une bonne occasion de se reposer, pensez-vous? Voyez plutôt! A peine rentrée de la clinique, sœur Marguerite s'organise: allongée dans son fauteuil, l'ordinateur sur les genoux, le téléphone à portée de main, elle continue toutes ses démarches et reçoit les visiteurs.
Où en est-elle en 2011? Une bonne équipe de médecins et d'infirmiers peut se charger des soins à Kinshasa. Des affiches, des bandes dessinées instruisent les malades et leurs familles. Des manuels sont à la disposition des infirmiers. Grâce à des aides diverses de personnes généreuses et de firmes pharmaceutiques l'insuline peut être fournie gratuitement aux indigents. Le groupe des jeunes diabétiques est pris tout particulièrement en charge par deux organismes : « life for child » et « Novo ». Occasionnellement, lors d'une fête très modeste, un diplôme est décerné aux diabétiques qui ont suivi leur traitement pendant dix ans.
Le film d'Edward Lachman "Lifeblood" présenté en première vision à Stockholm le 23 septembre 2010, permet de suivre quatre jeunes diabétiques dans leur milieu de vie et d'entendre leur récit. Il nous fait saisir l'importance du réseau mis en place par sœur Marguerite à force de persévérance.
Merci, chère Sœur Marguerite, pour votre exemple de service sans phrases.